Liloutina, fruit d'un amour interdit

Les sirènes de la Cité Blanche hurlèrent si fort cette après-midi-là, que Bulboranit se retourna dans son lit, finissant son bond par terre.
"Par Sadida!", s'écria-t-il! "Je ne m'y ferai jamais!"
C'est à moitié réveillé et se frottant le front pour essayer (vainement) de faire disparaître la bosse qui était en train de s'y développer, qu'il enfila ses bottes, sa cape et sa coiffe afin de se préparer à ce nouvel assaut.
Il descendit les marches de la maison familiale, près du Quartier de la Milice de Bonta, manquant évidemment de les dévaler en roulé-boulé puis se rattrapant finalement à la vieille branche qui lui servait d'arme, accrochée dans l'entrée, prête à être saisie en toute occasion. Il ouvrit la porte et resta quelques secondes ainsi sur le seuil, plissant les yeux à cause du soleil brillant. Reprenant ses esprits, il vit la cohue indescriptible qui régnait dans la cité, tout le monde s'affairant à se rassembler afin de rejoindre le lieu de la nouvelle bataille.

Bulboranit était un disciple du dieu Sadida, réincarné sur le Monde des Douze pour (il en était convaincu) faire régner la suprêmatie bontarienne. Il s'inscrivit d'ailleurs très tôt dans ce rôle et après seize années d'entraînement au combat il fit ses armes de façon admirable, ce qui lui valut le titre de héros très jeune, à vingt ans à peine. Devant tant de ferveur au combat et d'application quant à la conquête des territoires, la Cité Bienveillante lui attribua le sobriquet de Bulboranit-Le-Grand.

Il faisait une chaleur accablante et Bulboranit se mit à penser : Si seulement je ne m'étais pas échappé quand ma mère avait voulu défricher ma tignasse...
Dehors, le message du milicien au haut-parleur de la Tour des Ordres se faisait de plus en plus pressant, comme pour motiver des troupes trop ramollies... "Allez, allez! Prenez le zaap direction les Champs des Scarafeuilles! Et au triple galop! Alleeeeezzzz dépêchez-vous! Plus vite que ça!" Bulboranit détestait ça...
Il sortit sa monture pourpre et dorée qu'il avait capturé astucieusement un jour de conquête et qu'il avait bichonnée et élevée avec beaucoup d'amour (ceci dit, elle lui rendait bien!) et lui murmura : Ma petite Saëlla, on part en combat, prépare-toi! Il adorait voir dans les yeux de sa fidèle dragodinde l'éclair qui jaillissait à l'évocation du mot "combat"... Cela l'excitait comme s'il venait de porter un coup mortel à un adversaire.
Il l'enfourcha et se rendit au zaap, au mileu de la foule complètement en transe...

Le soleil se levait doucement sur les Landes de Sidimotes comme pour éviter de faire trop vite rutiler la Cité de Brakmâr. Cela promettait encore une belle journée dans le Monde des Douze!
Si seulement cela annonçait une journée sans qu'il ny ait du sang de versé aujourd'hui! Se mit à penser Nalbuolil... La douce lumière rutilente du jour commençait à percer au travers des fenêtres de sa chambre et lui caressait le visage comme pour la conforter dans son idée. Elle s'assit dans son lit et s'étira langoureusement. Elle porta à ses narines un bouquet d'orchidées freyesques ramassées la veille avec sa mère, comme pour puiser l'énergie de la Nature et s'habilla.
Dans la maison, pas un bruit... Elle ouvrit la porte de la chambre de ses parents, le lit était vide et les draps bien tirés comme avait l'habitude de le faire sa mère.
"Mmm, étrange..." murmura-t-elle. Elle se précipita à la cuisine : la table était prête pour le petit déjeuner, tout était bien à sa place, mais pas de parents!
Son attention fût portée sur un petit parchemin roulé posé dans son assiette. Elle le defit et pu lire :
Ma petite Nalbuolil,
ton père et moi sommes rendu à une réunion du conseil de Brakmâr
car notre bon roi prépare un assaut dans les Plaines d'Amakna!
Commence à déjeuner, nous rentrerons au plus tôt.
Voilà qui la mettait de bien mauvaise humeur ; elle froissa le parchemin avec toute la rage que ce genre de nouvelle suscitait en elle et le brûla. Elle s'assit à la table. "Mais pourquoi suis-je née dans ce conflit? Je ne comprendrais décidément jamais rien à cette vie..."

Aussi étrange que cela puisse paraître, Nalbuolil ne voulait pas entrer dans le conflit des deux Cités. Je dis aussi étrange car ses parents étaient très haut-gradés tous les deux et très impliqués dans le conflit, il faisaient en outre partis du Haut Conseil de Brakmâr et participaient donc activement à l'élaboration des stratégies de conquête des territoires. Ils étaient d'ailleurs consternés par l'indifférence que portait leur fille à la guerre...
Nalbuolil était une sadidette à la crinière rose fushia, et à la peau rose tendre, toute petite, elle ne jouait qu'avec ses poupées... Même tuer une arakne lui était insupportable, plus tard elle se forma à l'art de la boulangerie, histoire de pouvoir caresser autrechose que des corps inertes...

Elle déjeuna sans vraiment d'enthousiasme et prit ses affaires : un tablier, son bon vieux rouleau à pâtisserie et quelques sacs de levure... C'était décidé, aujourd'hui elle noierai son désespoir dans un atelier boulanger...
Après avoir acheté l'essentiel de ses farines, elle se rendit dans les Plaines des Scarfeuilles afin de trouver quelques paysans pouvant répondre au reste de ses commandes. Elle y rencontra Soma-swf, petite Xélorette mais grande faucheuse! Après quelques politesses et généralités échangées et quelques coups de faux la commande était honorée.
Maintenant qu'elle avait ses céréales et ses farines, il ne lui restait plus qu'à éventrer quelques tofus afin de récupérer les oeufs qui donnait ce bon goût et cette belle couleur aux brioches et éventrer quelques pious pour avoir des graines de sésames, tâches dont elle s'aquitta très rapidement.
Une fois tous les ingrédients réunis, elle s'installa au fournil de ce bon vieux Kwaker Vans, se retroussa les manches et mit les mains dans le pétrin...

Bravo a toi

Très belles histoires,que je trouve très bien écrites, vivement les prochains chapitres =)

Bulboranit arrivait donc sur le lieu de tous les combats. La ferveur des combattants se faisait de plus en plus rageante à mesure que l'on se rapprochait du lieu du prisme à capturer si convoité.


Il traversait les champs accompagné de ses deux fidèles amis avec qui il avait grandi dans la Cité Blanche : un disciple de la déesse Eniripsia, excellent guérisseur et combattant, et un maître du Temps, allié si précieux en période de troubles. Ils avaient l'habitude de ne jamais faire (O grand jamais!) de quartier ni de prisonnier! Ce jour-là, ils allaient tomber sur un os...

Ils se frayaient un chemin en donnant quelques coups de bâton, de baguette ou de marteau, par-ci par-là, à tout ce qui avait des ailes rouges sang.

Ils arrivèrent dans un champ, très près du lieu de l'ultime bataille, désert de combat, mais dont le sol était jonché de cadavres. C'était à présent à travers des corps inertes qu'ils devaient se frayer un chemin. Et je vous assure qu'il relevait du miracle d'éviter de marcher sur une carcasse tantôt rôtie, tantôt broyée ou tantôt éventrée qui gisait au sol.

C'est justement en ne voulant pas se salir les bottes sur le corps d'un jeune Crâ que Bulboranit posa malheureusement le pied sur un piège, lui meurtrissant la jambe, à lui et à ses partenaires. Ils essayèrent de se relever, mais en vain! L'éni peu juste le temps de soigner leurs blessures, qu'un cri de délectation sinistre retentit dans la plaine.

"MOUAHAHAHA !!!"

Bulboranit connaissait que trop bien cette voix, et la craignait, à vrai dire... Ses craintes se confirmait d'ailleurs quand sortirent de nullepart un Sram et deux de ses acolytes, un Bouclier Féca et un Osamoda.

"Tiens, tiens!" s'exclama le Sram. "Mais c'est une belle prise que nous avons là!" dit-il, un sourire narquois en coin. "Tout le plaisir est pour moi, je t'assure, Maître-des-Ténèbres!" Répliqua Bulboranit, le visage grimaçant de douleur.

Le Maître-des-Ténèbres était très connu de tous, comme le plus noir, le plus impitoyable et le plus redoutable des démons de leur génération... Ils n'étaient pas à leur premier affrontement et savaient chacun la valeur de l'autre.

"Dommage que ta fourberie n'est d'égal que ta prétention, car ce ne sera pas aujourd'hui que tu nous mettra la main dessus!" Il se leva et porta une main à son bâton et de l'autre invoqua les herbes folles qui paralysèrent ses adversaires.
Malheureusement, il en fallait beaucoup plus pour déstabiliser un Sram qui avait autant de pouvoir et ni une ni deux, après s'être rendu invisible, il planta ses dagues mortelles dans le dos du Xelor, et d'un geste aussi rapide et fugace trancha le cou de l'Eni...
Bulboranit se retrouva prisonnier dans les bras de son ennemi juré, sentant son souffle perfide et brûlant dans sa nuque et la pointe de sa dague entre ses côtes...

"Je crois que nos chemins se séparent ici, Bulboranit!" murmura Le-Maître-des-Ténèbres. "Adieu! Ce fut un plaisir de combattre contre toi, et de te vaincre! MOUAHAHAHAH ..."
Ce fut les dernières paroles entendues par Bulboranit et la voix caverneuse du Sram semblait s'éloigner de plus en plus tandis que sa dague s'enfonçait dans la chair du Sadida...

C'est les mains et le visage enfarinés que Soma-swf retrouva Nalbuolil dans l'atelier de Maître Kwaker Vans. Elle entra précipitemment, essoufflée , les yeux hagards, et on pouvait lire une expression de terreur sur son visage.

C'était le début de l'après-midi ; Nalbuolil avait passé la matinée à pétrir des pâtes et à confectionner toutes sortes de pains.

"Que se passe-t-il Soma-swf?" demanda Nalbuolil. Elle répondit, après quelques secondes haletées pour reprendre son souffle, "Dehors!.... C'est... C'est.... C'est la guerre!... Il vous faut partir au plus vite!"

Le sang de Nalbuolil n'eût le temps de faire qu'un tour dans son corps et d'un coup, tout lui revint en mémoire : l'absence de ses parents... la lettre de sa mère, posée dans son assiette ce matin aux aurores... "Ils l'ont fait!" murmura-t-elle.

"Ecoutez, Soma-swf, nous sommes en sécurité ici. Je propose d'attendre que le conflit se calme, et nous partirons plus tard quand les champs auront trouvé un peu de repos..."

Elle finissait d'enfourner une énième tournée de brioche et en tendit une à sa nouvelle amie :
"Reposez-vous et reprenez des forces!" lui dit-elle avec un joli sourire comme pour se moquer de la gravité des évennements actuels.

Soma-swf écouta poliment les conseils de cette étrange Sadidette qui lui inspirait confiance, malgré son insouciante légèreté.
"Vous savez, en venant ici, j'ai vu les champs à feu et à sang! C'était vraiment désolant..."

"C'est ce conflit stupide qui est désolant!" rétorqua Nalbuolil. "Je ne comprends pas, ne veut pas comprendre et surtout ne pas prendre parti... Je trouve qu'il y a tellement de choses interressantes à faire et de gens de tous les alignements à rencontrer, c'est pour moi très regrettable d'en être privé à cause d'un conflit de voisinage remontant à des temps oubliés et dont je suis sûre la moitié des protagonistes en ont oublié l'origine..."

Soma-swf aquiesca et se sentit fière, un instant, d'afficher son alignement neutre : "Je pense bien comme vous... Il est impossible d'entamer une conversation entre gens d'alignements adverses sans que cela ne tourne en aggression, quel dommage ; en effet!"

Elle restèrent là à faire du pain toute l'après-midi et à essayer de noyer leur désarroi dans une boisson à base de levure fermentée dont Nalbuolil avait le secret.

C'était maintenant la fin de l'après-midi et elles décidèrent de sortir de l'atelier pour voir où en était le "carnage", selon elles.

Dehors, l'air était à présent lourd et suffoquant avec une odeur d'hémoglobine (c'est à dire "ferrigineuse") en note de fond.
Elles s'asseyèrent sur le palier et contemplaient la lueur du ciel quand la pluie se mit à tomber, comme pour laver le sol de tout le sang versé aujourd'hui...

C'était une pluie chaude qui s'abattait sur les plaines. Elle faisait s'élever du sol comme les esprits de nos ancêtres ; une brumùe légère.

Les gouttes de pluie qui s'écrasaient une à une sur son visage finirent par réveiller Bulboranit, doucement. L'humidité et la froideur de leur impact lui firent recouvrer ses esprits peu à peu. Difficilement il ouvrit un oeil, puis le deuxième.

Une grimace de douleur se dessina sur son visage quand il essaya de faire un mouvement. Sa peau, si joliment turquoise à l'accoutumée, avait viré au bleu azur pâle, rappelant la couleur d'un ciel clément.

Sa tête... Il n'avait jamais eu aussi mal...
C'était une sensation étrange ; c'était à la fois douloureux et à la fois sourd, tant tout lui paraissait si loin... Les bruits, des odeurs indéfinissables, les sensations de son corps froid qu'il ne pouvait à peine bouger... Cette sensation vertigineuse, alors qu'il était là, allongé sur le sol.

Il comprit à la pâleur de sa peau et vu comment il se sentait faible, qu'il avait perdu beaucoup de sang.
Toujours ce goût de fer dans la bouche lui rappelant le sang, tout ce sang versé aujourd'hui ; celui de ses deux amis, le sien, le leurs...
Les images de ces derniers instants lui revinrent en mémoire avec effroi.

Il toussa et cracha un caillot mêlé de sang rouge, de salive et de glaires.

Cette funeste journée lui resterait en mémoire, il le savait et prenait peu à peu conscience de son caractère irréversible.

En émergeant de son coma, il se persuada de bouger un à un ses membres et put ainsi se mettre à ramper. Il leva la tête, ne voyant que des corps fumants étalés et la platitude de l'horizon.
La boue qui s'était maintenant formée ne lui rendait pas la tâche facile mais sa persévérence était digne des plus grands héros.

Il traversa le champ, passant tantôt au-dessus des cadavres, tantôt de côté, et vit au loin une fumée épaisse se dégager d'une cheminée.
Ce n'était pas une fumée âpre mais une odeur familière qui vint lui chatouiller les narines : celle du bon pain chaud en train de cuire au feu de bois.
Il se plut à reconnaître l'odeur des graines de sésame grillées, des brioches fraîchement levées et dorées...

Il distinguait deux silhouettes au loin, deux ombres se tenant devant le fournil.
Il pensa que c'était sa chance... Ou pas! Mais il devait tenter.
Il rempait toujours, sa tête lui paraissait lourde, tellement lourde...

Soma et Nalbuolil allaient rentrer sortir leur dernière fournée du four quand une masse au loin attira leur attention. Quelquechose semblait bouger, là-bas, dans la boue. Des ailes entâchées qui esquissaient un léger tressautement, puis plus rien ne bougeait.

Elles se regardèrent, l'air interloquées, et se précipitèrent...

"Par Sadida!" s'exclama Nalbuolil, "Mais c'est un combattant Sadida!"
"Il est mort?" demanda Soma.
"Je n'en sais rien" répondit Nalbuolil en touchant timidement du doigt le corps de Bulboranit.

A ce moment là, Bulboranit rassembla les dernières forces qu'il put trouver en lui, leva la tête et laissa s'échapper un "Argggghhhhh...."
Soma et Nalbuolil sursautèrent en arrière et d'un commun accord empoignèrent le sadida et le traînèrent jusqu'au fournil.

"Il a besoin de soins", souffla Soma. "Je vais chercher un ami."
"Bonne idée" répondit Nalbu. "Je vais essayer de panser un peu ses blessures." Tandisqu'elle disait cela, elle vit une grosse plaie nette mais qui saignait entre les deux ailes du guerrier. Elle attrapa un bout de tissu, l'humidifia pour en nettoyer le pourtour et appuya ensuite dessus pour essayer de réduire le saignement.
Soma était partie.

Nalbu déshabilla le sadida, le nettoya comme elle put et l'installa près des fours afin qu'il se réchauffe un peu. Elle enleva sa cape et le couvrit en attendant les soigneurs.

Bulboranit sembalit dans un sommeil tourmenté de cauchemards, il murmurait des choses incompréhensibles, remuait beaucoup, il était en sueur mais pas de chaleur, son corps était toujours aussi froid.

Sa peau commençait malgré tout à reprendre un peu de couleur.

Soma rentra accompagnée d'une Eniripsa qui vit le corps quasi sans vie et se précipita sur lui. Elle appliqua divers cataplasmes sur ses blessures et à genoux à côté de lui commença à réciter des incantations dont seuls les Eniripsa ont le secret et le pouvoir.

L'effet ne tarda pas à se faire sentir, déjà, Bulboranit ne grimaçait plus de douleur, les sueurs avaient disparu, il semblait plus calme et serein.

Sa peau devenait de plus en plus colorée maintenant.

"Voilà, j'ai fait mon possible" dit l'Eni. "Il faut maintenant lui laisser le temps de récupérer."
"Oh merci !" répondirent en choeur Soma et Nalbu.
"Où peut-on le cacher?" S'enquérit Nalbuolil. "Mmmm... J'ai des connaissances dans la forêt d'Amakna!" répondit Soma. "Merci Soma, sans toi, il était perdu!"

Elle le soulevèrent à trois et le mirent dans la charette et le transportèrent à la tombée de la nuit à l'atelier bûcheron en le confiant aux bons soins de l'ami Agrid Shakoku...

J'adore ta biographie ^^

Allez, un petit message d'encouragement pour elle s'il vous plait ... Ca lui fera plaisir qu'on reconnaisse le travail qu'elle a fourni

Je ne sais pas. Je pense que c'est mieux de lui dire directement plutôt que de pourir son sujet par du flood.

Hey! Je ne vais pas me plaindre, je suis le troisième sujet lu (bon de loin, d'accord, m'enfin) après Sélène et Amatos... ça va ^^

Je vais bien, rassurez-vous.

Je finis la saga sur mes parents et je passe à autrechose après, promis !

XD

Aller on est tous avec toi continue comme sa tu fais de belle Biographie^^